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Le Commencement


Débutant par une carrière d’acteur à la télévision, Henry Winkler passa à la production pour petits et grands écrans. Il lança sa propre série, Mr Sunshine, une comédie qui connut un certain succès. En quelques années il avait réussi l’exploit d’occuper une place enviable dans la jungle de la production audio-visuelle.

En ce milieu des années 80, Henry Winkler peut désormais s’asseoir dans son luxueux fauteuil de producteur et envisager toutes sortes de projets, y compris les plus farfelus, sa spécialité.
Or, un scénariste qui répond au nom de Lee David Zlotoff vient le voir avec une idée pour le moins nouvelle : construire une série policière autour d’un héros non-violent.
Attention, il ne s’agit pas d’un dérivé de Columbo, mais bien d’une série avec de nombreuses scènes d’actions mettant en avant un personnage qui refuse la violence.
A une époque où la plupart des shows développent une violence accrue, l’idée de Zlotoff a de quoi surprendre. Zlotoff s’est fait jeter comme un malpropre par toutes les grosses maisons de production qui, dans un ricanement lui ont rétorqué que même les dessins animés débordaient de violence.
Petit à petit, va se développer l’idée d’un agent secret qui combattrait l’ennemi non pas avec ses poings, mais avec son intelligence et des inventions toutes simples mais efficaces.
Henry Winkler voit apparaître un héros adepte de la non-violence, spécialiste en physique et chimie, qui se sort de toutes les situations, y compris les plus complexes et dangereuses, sans utiliser d’armes à feu.

Les influences qui ont présidé à l’apparition de MacGyver sont très nombreuses. La plus évidente émane de la bande dessinée internationalement célèbre : Tintin. D’ailleurs, à la même époque, Steven Spielberg se pencha très sérieusement sur une nouvelle adaptation cinématographie des albums de Hergé, mais finira par y renoncer.
Comme le petit reporter, MacGyver refuse de se battre, sauf dans les cas extrêmes. Tous deux préfèrent faire d’abord appel à leur matière grise et, en tous les cas, refusent d’abattre un homme. Ils ont, l’un comme l’autre, le coeur sur la main et dégagent une sympathie immédiate qui expliquent leur succès auprès des jeunes.
Les points communs ne se situent pas seulement dans la conception générale des deux personnages. Le fait que ni l’un ni l’autre ne soient mariés, et qu’ils ne vivent aucune romance, qu’ils aiment les animaux et la nature en font plus que des lointains cousins.

Une autre influence provient de James Bond. Difficile de parler d’agent secret sans évoquer immédiatement 007. Mais Mac et Bond sont à l’opposé sur un point essentiel : Bond possède un permis de tuer.
En définitive, ce qui relie l’Américain débrouillard au Britannique classieux, ce sont les gadgets. Bond compte parmi les premiers à avoir développé cette notion au cinéma, parfois jusqu’à la démesure. Toutefois les gadgets de l’agent secret au service de Sa Majesté ont été inventés dans un laboratoire ultra-sophistiqué, par Q et toute son équipe, alors que MacGyver les crée spontanément avec ce qui lui tombe sous la main, ce qui leur confère leur originalité.

Enfin, d’autres influences moins précisent semblent pouvoir être relevées. L’unes d’elle émane du film Avec les compliment de Charlie. Dans une séquence, Charles Bronson, acculé et sans arme, a l’idée de se servir d’un pied de lampadaire comme sarbacane, de quelques punaises et d’un peu de papier, qui deviennent des fléchettes redoutables. Sans le savoir, Bronson annonçait dès 1978 l’arrivée de MacGyver !

Une fois le concept de la série bien établi et admis par les différents protagonistes - Lee David Zlotoff, Henry Winkler, John Rich et la chaîne A.B.C -, il reste à trouver l’interprète principal. Bien sûr, beaucoup pense immédiatement à une carrure à la Schwarzenegger qui permettrait au héros de se sortir facilement des situations biscornues : un M. Muscle doux comme un agneau. Mais Winkler caresse une tout autre idée.

Comme beaucoup de jeunes acteurs acteurs, Richard Dean Anderson apprend qu’une nouvelle société de production recherche un acteur pour le premier rôle d’une nouvelle série, sans titre définitif.
 "Après la série Scandales à l’amirauté, je n’avais plus tourné pendant un an, témoignera l’acteur. J’arrive donc à l’audition du rôle comme un parfait inconnu. Je rencontre Henry et il me dit : "Tiens, vous avez mis un complet veston" Il paraît que les 300 jeunes auditionnées avant moi étaient tous en T-shirt très moulant qui mettaient en valeur leur carrure d’athlète… Je tourne un bout de rôle, je suis reconvoqué la semaine suivante, on me demande de lire à haute voix un synopsis. Le problème, c’est que je porte des verres de contact et je ne les avais pas mis ce jour là. J’ai donc pris mon étui à lunettes et j’ai dit : "Vous permettez que je porte des lunettes pour lire ?" John Rich m’a avoué après coup : "Henry et moi venions de voir une liste impressionnante de machos qui roulaient des épaules pour obtenir le rôle. Et toi, la première chose que tu demandes, c’est d’enfiler ta paire de lunettes" Je les avais conquis: c’était la vulnérabilité typique de MacGyver. "

Grâce à cette paire de lunettes et à son propre talent, RDA décroche le rôle. Le tournage des premiers épisodes peut commencer. Il découvre un être sensible avec lequel il partage certains points de vue. "Je ne peux pas affirmer qu’il me ressemble mais moi aussi je refuse la violence. J’aime l’idéal qu’il poursuit, je respecte cette sorte de philosophie et d’intuition désabusés que lui ont imaginé les scénaristes. J’adore mon personnage parce qu’il épouse un peu mes propres sentiments d’homme moderne. La violence est dépassée, il faut réagir autrement à l’heure actuelle. Ce garçon n’utilise pas une arme pour résoudre ses problèmes. Moi non plus ! Je veux simplement dire qu’avec un peu d’intelligence, on arrive toujours à de meilleurs résultats.  On croirait ce personnage fait sur mesure pour moi. En vérité j’ai eu la possibilité d’y mettre un peu de moi-même en travaillant avec les scénaristes. C’est une chose irremplaçable pour un acteur que de pouvoir participer à l’évolution d’un rôle qu’il interprète. Les mots viennent tout seuls et on sait qu’ils sonneront juste"

Afin de peaufiner le côté policier de la série, Winkler fait appel à Steven Downing qui travaillera en étroite collaboration avec Rick. Downing est lui-même un ancien policier qui exercera plus de vingt ans à Los Angeles. Il termina sa carrière en tant que chef du département Formation des policiers de LA, puis apportera ses connaissances comme conseiller au cinéma et à la télévision. Grâce à lui, Mac devient un authentique agent secret et non un quelconque farfelu peu crédible.

Sur le plateau, RDA retrouve Dana Elcar, avec lequel il a déjà travaillé sur Seven Brides For Seven Brothers, qui sera son principal partenaire à l’écran. Ce chauve rondouillard est un vieux routier des seconds rôles tan au cinéma qu’à la télévision. Sur grand écran, il donna la réplique à Paul Newman et Robert Redford dans l’Arnaque. Entres les deux acteurs, le courant passe immédiatement bien. Cette complicité favorise sans aucun doute le succès de MacGyver. Car dès les premières diffusions il apparait plus qu’évident qu’elle marche fort, très fort.


Extrait du livre Star à la une : MacGyver, de Graham J. Walker, éditions Sevigny, 1991, chapitre 4: le roi des bricoleurs. Citations de RDA extraites de : Ciné Revue du 22 janvier 1987, Télé Star du 23 avril 1984 et 23 avril 1988.